Aumônerie Universitaire Paloise

Aumônerie catholique des étudiants de Pau

Homélie sur la samaritaine par Christine Gizard

C'est un long chemin que fait cette femme.
Elle arrive avec sa vie probablement difficile et dissolue (ce n'est pas à midi qu'on vient chercher de l'eau en général), dans une attitude assez fermée (« Comment ! toi qui est juif ! »), ne demandant rien à personne, préoccupée de sa cruche et de l'eau du puits.
Elle en repart en courant, laissant là sa cruche, annonçant à ses frères qu'elle a trouvé le Messie.
Entre les deux, que s'est-il passé ? Une rencontre qui bouleverse sa vie.

1 – Cette rencontre commence par l'initiative de Jésus « Donne-moi à boire » : c'est lui qui demande. Elle se poursuit par un dialogue avec Jésus, dialogue en décalé au cours duquel Jésus l'invite à demander le meilleur, rien de moins que le don de Dieu « Si tu savais le don de Dieu… c'est toi qui l'aurais prié et il t'aurait donné de l'eau vive ». Ce dialogue est en décalé car Jésus parle de l'eau qu'il donne, l'eau vive, et elle comprend l'eau du puits. Par ce dialogue en décalé, Jésus conduit la femme vers son intériorité : c'est en elle qu'il veut planter la source : « elle deviendra en lui source d'eau jaillissante ». Ce dialogue débouche sur l'ouverture de la femme à la demande : « Seigneur donne-moi cette eau ». Une première étape vient d'être franchie avec l'éveil de son désir.

2 – Jésus reprend aussitôt : « Va, appelle ton mari.. ». Sans transition il poursuit le travail du côté de son histoire. La source d'eau vive c'est dans sa vie, dans son histoire qu'il veut l'installer. La réponse de la femme est minimaliste : « Je n'ai pas de mari ». C'est Jésus qui la développe… il vient visiter son histoire en vérité, là où ça fait mal… pour la libérer d'un poids trop lourd à porter.

3 – Libérée d'une histoire trop lourde à porter, la femme s'intéresse alors à l'identité de celui qui lui parle : « Je vois que tu es un prophète ». La question de la vérité la travaille comme elle travaille tout homme. Jésus l'enseigne alors sur le vrai Dieu. La femme, sans tout comprendre probablement de l'enseignement de Jésus, pressent bien qu'en Jésus se tient quelqu'un de grand. Elle répond judicieusement, et dans sa bouche, ces mots ont valeur de confession de foi : « Je sais que le Messie doit venir, celui qu'on appelle Christ ». Jésus n'a plus qu'à confirmer et à se révéler à elle en vérité : « Je le suis ». Il ne rajoute rien. Cette femme est devenue disciple de Jésus.

4 – Il est étonnant alors de la voir laisser là sa cruche - elle n'en n'a plus besoin désormais, car c'est dans sa vie, dans son histoire qu'est la source désormais -, courir à la ville et dire à ses frères : « Venez voir un homme qui m'a dit tout ce que j'ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? ». Elle devient la première missionnaire. Et sa mission porte du fruit.

L'itinéraire de cette femme rappelle celui de tout chrétien, et peut-être aussi celui des jeunes qui viennent frapper à la porte de l'aumônerie depuis des générations :
Nous venons à l'aumônerie peut-être un peu par hasard, avec le poids de nos vies, nos incertitudes, sans bien savoir pourquoi, sans bien connaître le Seigneur.
Dans les rencontres, les activités, les échanges, les temps forts, la prière, un dialogue s'engage sur les questions du sens, les questions existentielles. Et par là nous entrons dans une certaine intériorité.

Peut-être faisons-nous aussi l'expérience de relire nos histoires, d'y trouver du sens, d'y découvrir la présence de Dieu. L'aumônerie est un lieu où nous nous laissons enseigner sur Dieu, sur son identité, sur les questions que posent la foi. Est-ce que cela libère en nous du dynamisme, l'envie de communiquer ce que nous avons vu et entendu ? Je l'espère !
L'aumônerie depuis 50 ans est ce puits où la rencontre a lieu entre chacun et le Seigneur, où on apprend à entrer dans l'intériorité de la prière, à relire sa vie pour y découvrir l'appel de Dieu, à rencontrer d'autres jeunes, à s'interroger sur l'avenir que Dieu veut construire avec nous, et où se manifeste un dynamisme et une joie de croire.

Nous sommes probablement plusieurs anciens à pouvoir témoigner que l'aumônerie a bien été ce puits qui a permis une rencontre avec le Christ, où son appel s'est fait entendre, et où lentement, dans le secret du cœur et de la prière a mûrie une réponse unique et personnelle. De longues années plus tard, nous sommes probablement plusieurs à en être pleins de reconnaissance.

Aussi ce matin, rendons grâce au Seigneur de nous attirer à lui avec tant de délicatesse.

Mentions légalesDonnées personnelles

© 2010-2023 Aumônerie Universitaire Paloise (AUP). Sauf mentions contraires tous les droits sont réservés.