C'était un mardi plutôt pluvieux à Pau, une semaine - et un jour - avant Noël. Un vent de magie faisait tournoyer la neige absente sur les toits des chaumières paloises. J'étais alors entrain de méditer sur l'utilité de se poser de vaines questions quand soudain la clochette retentit :

— « Salut, l'ami !  s'exclama Rémi en s'engouffrant dans la douce chaleur de l'aumônerie. Comment vas-tu ?

— Tranquillement et toi ? lui répondis-je. »

C'est en disant ces mots que mon regard croisa le sien pour enfin se déposer sur le sommet de son crâne.

A cet instant précis, me vint cette question abominablement rhétorique qui sort de la bouche de tout à chacun, comme un bouchon désinvolte d'une bouteille de champagne !

— «  Oh ! Tu t'es coupé les cheveux, n'est-ce pas ?

— Oui, oui, ne m'en parle pas, le coiffeur m'a complètement raté... dit-il, et il ajouta : j'ai l'impression d'avoir la tête toute carrée, surtout là, au-dessus. »

Le constat était terrible. Son habituelle humeur guillerette avait laissé place à un profond désarroi. Même les murs de l'aumônerie avaient troqués leurs jolies couleurs contre une morose teinte de gris. Sans doute par solidarité.

Il fallait trouver une solution. C'est alors que me vint une idée : terminer cette histoire de façon totalement absurde.

D'un air décidé, je saisis une paire de ciseaux en inox flamboyant et me mit à couper les boucles noires qui courraient sur ma tête.

Je me lançais de ce pas à la poursuite de Rémi qui portait alors un serre-tête affublé de cornes de renne. Tout à coup, mon lasso se referma sur son cou barbu, et je fus en mesure de le maitriser avec mes jambes. Il ne me resta plus qu'à scotcher les boucles recueillies sur les coins du carré de sa tête : et hop, ça fait des CHOCAPIC !!!

Merci de votre bienveillante attention.

Joyeux Noël !