Aumônerie Universitaire Paloise

Aumônerie catholique des étudiants de Pau

Brainstorming sur « Si je vous dis 'Politique', ça vous fait penser à quels mots ? »

Politiciens, Cité, députés, gouvernement, gestion quotidien, Tribunal, Tribun, le / la / scène politique, Mairie, respect, changer les choses, élus, conseil, rhétorique, peuple/ territoires, langue de bois, tous pourris, alternatives, loi, immigration, évolution, hilarant, affligeant, assemblée nationale, détermination, responsabilité, donner son avis, grèves, volonté, cap, engagement, vérité, honnêteté, solidarité, Cahuzac, mensonges, Suisse, illusion, justice, écologie, citoyen, débat, démocratie, ou pas, sans pitié, sensation, élections, foi, espérance, charité, écoute, démo-crazy, civilisation, organisation, sondage, partage, sonder, accord, bien commun.

Si je vous demande maintenant une conviction, ou une question, ou...

Tout est politique.

Qu'est-ce qui fait avancer concrètement une politique / la fait reculer ?

La jeunesse aujourd'hui est blasée / désabusée par la politique et les politiciens.

On est perdus par le manque d'information, ou le trop d'informations.

Michel Serres : en 68, quand je voulais faire rire mes étudiants je leur parlais religion, quand je voulais les intéresser, je leur parlais politique ; aujourd'hui, c'est l'inverse.

Y'a une certaine incohérence chez les hommes politiques : y'a un peu tout et son contraire dans la politique.

Y'a ce qu'ils disent et ce qu'ils font.

Thatcher disait y'a pas d'alternative possible ; 30 ans après, est-ce qu'on pourrait passer à autre chose et croire qu'il y a une alternative possible ??

Y'a la politique telle qu'elle devrait être, et celle telle qu'on la perçoit.

Intervention André Duchateau

Avant d'être un homme politique, j'ai été un jeune, un ado, pas trop poussé dans les études.

Origine familiale un peu bourgeoise, plutôt fin de bourgeoisie, parce que la guerre était passée par là. Des grands parents qui m'ont intéressé à de belles choses de la culture, marraine organiste, oncle fermier.

Enfance très riche de sa diversité de milieux, très modeste au niveau des conditions de vie (HLM de la banlieue parisienne) : j'ai connu le un steak haché ou une tranche de jambon par semaine.

Collège où des enseignants m'incitent à penser par moi-même.

Un peu doué pour le français, mais 2-3 en math... d'où CAP d'ouvrier maroquinier, puis l'armée, où j'ai passé les permis routiers.

Retour dans la région

Vers 30 ans, l'entreprise où j'étais a périclité ; je suis alors devenu conducteur de bus à temps partiel, ce qui m'a permis d'avoir du temps pour m'engager en politique ; j'ai vécu l'arrivée de Mitterand au pouvoir.

D'une famille plutôt à droite, éducation chrétienne, j'ai trouvé que les valeurs de la gauche correspondaient davantage à mes convictions.

Ma sensibilité n'est pas d'aller vers les excès ; les 'aller trop vite trop fort', c'était pas dans ma nature, même si on avait des liens avec des communistes.

Grâce à mon temps partiel j'ai donc pu m'engager en politique, et je suis arrivée au moment de la grosse dérouillée de 93 aux législatives, où la gauche n'avait plus que 50 députés, sur 400 au total.

Ceux qui ont porté les années 80 m'ont demandé de prendre la responsabilité de la section en 93 alors que ça faisait juste un an que j'étais là.

On a pu regonfler les effectifs, je me suis bien réalisé.

Conseiller municipal en 95 avec André Labarrère.

97 : conseiller général du canton de Pau Nord.

Adjoint au maire pour le tourisme ensuite ; montée du Palais Baumont.

Beaucoup investi dans le social, notamment avec personnes âgées, handicapées alors qu'elles étaient beaucoup à ce moment-là en institution.

Le passage par le local est souvent incontournable : il y a nécessité d'aller toucher les réalités locales ; si on va trop vite, ça peut donner les Cahuzac ; avec le parcours classique Ena, Sciences Po, on risque de brûler les étapes et on se plante.

Y'a des situations aberrantes, mais ça s'est vachement amélioré grâce à ceux qui se sont battus pour.

L'après-guerre a été très fédératrice et fondatrice ; sécurité sociale et retraite sont des choses sur lesquelles repose l'état français et qui ont permis qu'il tienne malgré la crise.

Ma conviction, c'est que ça avance quand tout le monde est mobilisé pour ; parce que les élus tous seuls, ils peuvent pas faire grand chose. S'il y a beaucoup d'engagement, on avance.

Une société qui recule, c'est celle des années 30 ; et vous voyez ce que ça peut donner.

Aujourd'hui, on tangue un peu ; je fais partie des gens qui pensent qu'il faut se battre, parce que sinon, ça risque effectivement d'aller dans une mauvaise direction.

Moi à l'école, on m'a appris à réfléchir par moi-même ; vous aussi, j'imagine.

Aujourd'hui, y'a un gros afflux d'infos, les mails accélèrent trop vite les choses ; faut être en constante vigilance par rapport à tout ça.

Se fonder autour des valeurs chrétiennes, c'est un socle important pour construire une vie.

Les affaires à la télé, les invectives, c'est juste un tout petit bout de la politique.

Pour moi, la politique, c'est mon quotidien, c'est la négociation des prix des terrains ; l'installation des Roms en octobre 2011 ; ils débarquent, l'hiver arrive, ils sont 47 ; si on fait beaucoup, on a peur que ça draine plein de monde qui va arriver. Mais on ne pas ne rien faire. Finalement, on les chauffe, on les nourrit ; arrive la gale au mois de mars pour tout le camp. Tout les acteurs sociaux disent que ce n'est pas dans leurs compétences ; nous aussi, mais on fait quelque chose ; été 2012, on les a installés dans des maisons que l'un ou l'autre avait trouvé (mairie de Billère...), mais en leur disant que ce n'était valable que tant que d'autres familles n'arrivent pas.

+ on a fait un peu d'insertion professionnelle / occupationnelle et autre

+ le réseau Idélis (alors que la Stap, y'avait pas de bus tous les 10 min, pas le soir, pas le dimanche).

Nous les élus on a la responsabilité de coordonner, de faire baisser les prix pour pas se faire avoir.

Y'a aussi des choses plus politiques, par exemple pour avoir des maisons de retraite qui accueillent des personnes qui ont peu de revenus. (y'a que 10 % des personnes qui peuvent se payer des maisons de retraite privée).

Dans les années 80, le PS a clairement adopté l'économie de marché ; en 83, Mitterand s'aperçoit que ça marche pas ; Jacques Delors intervient : économie de marché, politique sociale ; à partir de ce moment-là, les idéologies sont moins marquées, mais y'a toujours des différences ; pour faire une bonne politique locale, faut pouvoir s'appuyer sur une bonne politique nationale.

Avec une augmentation de 2° de température, un département comme le nôtre aura un rôle clé dans quelques années pour la gestion de l'eau. On consommait 6ha par jour de terrain agricole ; on est en train de revenir à 2 ha/jour ; c'est encore trop, mais c'est déjà ça. Donc c'est important de s'engager et de ne pas être blasé.

La politique du gouvernement précédent a été de réduire l'autonomie du local.

Le président est d'autant plus en difficulté qu'il ne doit envoyer que des messages négatifs, parce qu'il faut resserrer tous les boulons, comme dans un foyer où on a trop dépensé.

On est pris dans le tourbillon des médias et on se laisse tous embarquer par tout ça alors que c'est anecdotique.

27 % des gens de cette ville vivent sous le seuil de pauvreté

Moi je trouve que c'est un système qui marche plutôt bien, même si évidemment il y a des situations ponctuelles personnelles qui posent souci.

Est-ce qu'il y aura encore des retraites pour qui que ce soit d'entre nous ? Je ne suis pas devin.

Quand on recule, souvent, y'a une période de très forte violence avant que ça ne puisse repartir sur autre chose.

Des repères pour tenir ? Le dimanche, aller prendre l'air sur les Coteaux du Béarn ; néanmoins, ça devient dur, les gens sont de plus en plus agressifs, zéro indulgence ; alors du coup, c'est vrai, parfois j'en ai ras le bol, et je me dis :  « Mais qu'ils se démerdent !! » Pi bon, le lendemain, je repars...

Y'a 2-3 ans, j'avais pas ça.

On dit que les politiques sont des privilégiés ; mais bon, ça fait 12 ans que je fais 65-70h par semaine. Et au bout de 15 ans d'expérience, j'ai 3000€ par mois, pour deux mandats ; j'essaie de me prendre 15 jours de vacances en août, 1 semaine en décembre, une autre en avril, mais je ne réussis pas toujours.

Et il y a d'autres difficultés : les pressions sont fortes pour l'emploi, j'ai 3 samedis par mois de permanence, et c'est difficile de ne pas pouvoir répondre à chacun.

Donner des choses individuelles à chacun, on n'y arrive pas toujours, on n'est pas Zorro, et c'est pas facile d'avoir en face de soi des personnes auxquelles on ne peut pas répondre.

Des textes chrétiens de référence

Gaudium et spes 75

« Tous les chrétiens doivent prendre conscience du rôle particulier et propre qui leur échoit dans la communauté politique : ils sont tenus à donner l’exemple en développant en eux le sens des responsabilités et du dévouement au bien commun ; ils montreront ainsi par les faits comment on peut harmoniser l’autorité avec la liberté, l’initiative personnelle avec la solidarité et les exigences de tout le corps social, les avantages de l’unité avec les diversités fécondes. En ce qui concerne l’organisation des choses terrestres, qu’ils reconnaissent comme légitimes des manières de voir par ailleurs opposées entre elles et qu’ils respectent les citoyens qui, en groupe aussi, défendent honnêtement leur opinion. Quant aux partis politiques, ils ont le devoir de promouvoir ce qui, à leur jugement, est exigé par le bien commun ; mais il ne leur est jamais permis de préférer à celui-ci leur intérêt propre. »

« Nous ne nous engageons jamais que dans des combats discutables, sur des causes imparfaites. Refuser pour autant l’engagement, c’est refuser la condition humaine. On parle toujours de s'engager, comme s'il dépendait de nous : mais nous sommes engagés, embarqués, préoccupés. C'est pourquoi l'abstention est illusoire. L'engagement est une dimension intrinsèque de la personne. Pourquoi s’engager si ce n’est pour assumer concrètement la responsabilité de la formation de l’avenir humain ?
Cette responsabilité s’impose parce que l’humanisation du monde ne peut se faire que par nous. Sans cesse, nous avons à faire l’histoire. » [Emmanuel Mounier]

Un chrétien qui parle de la situation politique immédiatement actuelle

L’humeur des jours LA CHRONIQUE DE BRUNO FRAPPAT , 21 avril 2013. Sommes-nous devenus fous ?

Radicalisation.

Même les mots perdent la tête. Entendre parler de menace de « guerre civile », en ce moment, en France, à propos du mariage gay, voilà qui traduit bien le dérèglement des esprits. Entendre la porte-parole des opposants annoncer, sous le coup de la colère et avant de se raviser, qu’il va y avoir « du sang », voilà qui place notre démocratie devant le piège où elle ne doit évidemment pas tomber.

Voir la droite, parti de l’ordre qui a toujours dénié à la rue le droit de faire et défaire les lois, battre le rappel des manifs et protester contre la police, voilà qui est paradoxal. Et, inversement, la gauche dénier toute légitimité à la rue où, pourtant, cette même gauche a fourbi tous ses combats depuis deux siècles, cela est nouveau aussi. (...)

Il faudrait se calmer, peut-être. Prendre un bon bol d’air, respirer un grand coup. (…) Car quand les mots dérapent, il existe toujours le risque que les choses les suivent et que la violence, de verbale, devienne concrète, palpable. Certains, d’ailleurs, ne s’y trompent pas, qui adoptent des méthodes musclées, physiques, où l’intimidation est la seule ligne politique. On ne compte plus les incidents, les interruptions de conférences, de débats provoqués par des groupuscules fascisants. Erwann Binet, le député socialiste rapporteur du projet de loi, a dû renoncer à toute intervention extérieure après avoir été chassé, à Saint-Étienne, par un groupe « identitaire » et empêché d’intervenir à l’Institut d’études politiques de Grenoble. La traque haineuse, l’autre week-end, de Caroline Fourest, de Nantes à Paris, au départ de son train comme à son arrivée, laisse à penser que parmi ceux qui se plaignent de l’absence de « débat » sur le sujet, il en est dont la conception du débat est très particulière, inquiétante. Contraindre le chroniqueur à défendre ici la liberté d’une essayiste avec laquelle, d’ordinaire, il ne partage pas grand chose, voilà qui est très fort, mais pas très malin. (…)

Et le pouvoir dans tout ça ? Il n’aura cessé, dans cette affaire, de faire la sourde oreille. Du coup, il est complètement coincé, dans les cordes comme un boxeur sonné. Il a le visage tuméfié. Un crochet du droit pour le « mariage pour tous », un crochet du gauche pour l’affaire Cahuzac. Un uppercut de l’extrême gauche mélenchonienne. Il doit regretter, parfois, d’être monté sur le ring. Ce n’était pas la promesse.

Dilemme : reculer est impossible, ce serait se désavouer soi-même, offrir à l’opposition un cadeau en or et décourager un peu plus ses propres troupes. La colère changerait de camp. Passer en force est prendre un risque énorme, vu les tensions qu’a fait naître le projet hâtif qui divise le pays. Alors, quoi ? On serait tenté de dire qu’il faut l’aider à se sortir du mauvais pas où il s’est mis lui-même et à l’entêtement qu’il manifeste. Que tout le monde s’impose un temps de pause, de réflexion. De dignité retrouvée.

Que l’on remette l’ouvrage sur le métier, que la droite admette la nécessité d’une législation nouvelle et que la gauche admette que l’union homosexuelle puisse s’abriter derrière un autre mot que celui de « mariage ». Mais il est bien tard. La France va sortir blessée, divisée, hargneuse de cette séquence qui lui aura masqué, pendant des mois, les urgences du social et de l’économie.

Quant aux catholiques, ils sont exactement comme la France : divisés. En parts inégales. On entend la majorité, hostile au projet. On n’entend pas la minorité qui, presque sans voix, tente de lever le doigt pour faire remarquer qu’il y a peut-être, quand même, un petit quelque chose à faire pour rendre la vie moins clandestine aux couples d’homosexuels. Pas plus sur cette question que sur d’autres les cathos ne sont un bloc.

Pour porter notre prière : 19 mars 2013, Homélie inaugurale du Pape François

(…) Je voudrais demander, s’il vous plaît, à tous ceux qui occupent des rôles de responsabilité dans le domaine économique, politique ou social, à tous les hommes et à toutes les femmes de bonne volonté : nous sommes « gardiens » de la création, du dessein de Dieu inscrit dans la nature, gardiens de l’autre, de l’environnement ; ne permettons pas que des signes de destruction et de mort accompagnent la marche de notre monde ! Mais pour « garder » nous devons aussi avoir soin de nous-mêmes ! Rappelons-nous que la haine, l’envie, l’orgueil souillent la vie !

Garder veut dire alors veiller sur nos sentiments, sur notre cœur, parce que c’est de là que sortent les intentions bonnes et mauvaises : celles qui construisent et celles qui détruisent ! Nous ne devons pas avoir peur de la bonté, et même pas non plus de la tendresse !

Et ici j’ajoute alors une remarque supplémentaire : le fait de prendre soin, de garder, demande bonté, demande d’être vécu avec tendresse. Dans les Évangiles, saint Joseph apparaît comme un homme fort, courageux, travailleur, mais dans son âme émerge une grande tendresse, qui n’est pas la vertu du faible, mais au contraire, dénote une force d’âme et une capacité d’attention, de compassion, de vraie ouverture à l’autre, d’amour. Nous ne devons pas avoir peur de la bonté, de la tendresse !

Aujourd’hui, en même temps que la fête de saint Joseph, nous célébrons l’inauguration du ministère du nouvel Évêque de Rome, Successeur de Pierre, qui comporte aussi un pouvoir. Certes, Jésus Christ a donné un pouvoir à Pierre, mais de quel pouvoir s’agit-il ? À la triple question de Jésus à Pierre sur l’amour, suit une triple invitation : sois le pasteur de mes agneaux, sois le pasteur de mes brebis. N’oublions jamais que le vrai pouvoir est le service et que le Pape aussi pour exercer le pouvoir doit entrer toujours plus dans ce service qui a son sommet lumineux sur la Croix ; il doit regarder vers le service humble, concret, riche de foi, de saint Joseph et comme lui, ouvrir les bras pour garder tout le Peuple de Dieu et accueillir avec affection et tendresse l’humanité tout entière, spécialement les plus pauvres, les plus faibles, les plus petits, ceux que Matthieu décrit dans le jugement final sur la charité : celui qui a faim, soif, est étranger, nu, malade, en prison (cf. Mt 25, 31-46). Seul celui qui sert avec amour sait garder ! (...)

Mentions légalesDonnées personnelles

© 2010-2023 Aumônerie Universitaire Paloise (AUP). Sauf mentions contraires tous les droits sont réservés.