Aumônerie Universitaire Paloise

Aumônerie catholique des étudiants de Pau

NDLR. Propos recueillis le 13 mai 2014 auprès de Marie-Geneviève Piolle à l'occasion du cinquantenaire de l'aumônerie. Le texte a été ajouté au projet d'histoire et de mémoire « les 50 ans de l'aumônerie et de la paroisse » dans le cadre du Service Civique 2014-2015.

On était très fidèles aux rassemblements mais plus maintenant : je n'y mets plus les pieds.

Compendium [...]

La doctrine Sociale de l’Église [...]

L'aumônerie était d'abord un lieu de vie, parce que ma famille n'était pas sur Bordeaux ; j'y suis allée presqu'autant pour un lieu de vie que pour appui spirituel.

Ma démarche a été très pragmatique, très empirique ; j'y ai trouvé tout à fait mon compte ; ce dont j'ai pris conscience, c'est que quand on est dans un approfondissement intellectuel tel que ce qui se passe quand on est étudiant, on n'a pas le droit de ne pas mener le même travail pour ce qui de notre foi.

J'y ai trouvé cette exigence de savoir où on met les pieds, et quel sens ça a ; c'est donc un lieu de formation qui a été pour moi exceptionnel ; que de fois on se l'est dit avec Xavier, ou en discutant avec d'autres, c'est ni prétentieux ni qu'on a reçu des tonnes de richesses ; on ne le mesurait pas quand on était dedans, mais on la mesuré ensuite, quand on était avec d'autres adultes qui étaient dans des creux.

On a eu des aumôniers, qui étaient des hommes, certes, mais auraient pu être des femmes [...]. Ils étaient exceptionnels tant au niveau intellectuel que relationnel ; ils avaient une ouverture, qui reste la grande ligne de notre vie.

On était très nombreux, comme étudiants catho : une aumônerie dans chacune des facs : lettres, médecines, droit, sciences.

Les écoles n'étaient pas rattachées à nous ; cela venait par capillarité, par bouche à oreille.

Dont Antoine Galli, qui a été aumônier de mes enfants.

Ils partageaient leurs responsabilités avec deux jeunes : un garçon, une fille.

Au dessus des responsables de fac, il y avait un président global.

Xavier, mon mari, a été président de l'AC, avec une autre fille.

On a énormément reçu, ça a été un lieu de formation exceptionnelle.

On s'est marié en 63, Xavier a passé l'agrégation en 64 ; déjà on était un peu moins dans l'aumônerie : on a commencé un groupe avec d'autres JP dans un groupe de recherche biblique ; avaient un tel impact que nous, jeunes adultes, on avait envie de continuer à réfléchir, à travailler notre engagement dans le monde.

Par rapport à l'ouverture du Concile, l'une d'entre nous qui est devenue religieuse : à chaud, elle m'a dit : ce qu'elle garde, c'est l'ouverture ; on a fait venir le Père de Lubac, le Père Carré : Aujourd'hui je commence ; le Père Congard ; avaient un culte monstre, ils y croyaient, à la formation.

Cette formation passait par un thème d'année ; tous les ans on avait le pélerinage à Verdelay, on avait des conférences qui jalonnaient l'année : l'Esprit Saint, qu'est-ce que la Foi, l'amour humain, la réconciliation, l'Eucharistie ; des thèmes qui n'étaient pas forcément hors de la vie spirituelle ; Au moment du pèlerinage, y'avait un questionnaire qu'on travaillait en marchant ; à la fois on chantait, aux ateliers de marche, avec ceux qui marchent autour de toi.

Après avoir marché la nuit, on se retrouvait pour discuter autour du café.

Prières : on avait beaucoup moins que maintenant des temps d'expression libre : support d'oraison, et temps de silence, chants. C'était aussi le début de Taizé.

Notre mariage en 63 ; y'avait un camp tous les ans par fac, en général en montagne, parce que c'est ça, la montagne.

 Le camp a fini par notre mariage, où ils se sont arrêtés pour chanter notre messe de mariage.

 Il y avait messe tous les jours

En même temps, on plantait les tentes, filles d'un côté, garçons de l'autre, avec un mât au milieu, où on lançait toutes les bouteilles vides.

Messe d'envoi le samedi, grande messe.

Tous les jours y'avait proposition de messe à l'aumônerie, et on y allait.

Une messe par semaine, le mardi pour les Lettres dans la grande salle du haut, qui servait de salle de conférence.

Je me rappelle qu'avec mon premier salaire je m'étais achetée la petite Bible de Jérusalem, le Feder (missel en pointe, avec une colonne latin, une colonne français)

Tous les célébrants étaient ensemble à l'autel.

Ils ne proposaient pas de messe le dimanche, car ils considéraient que c'était le lieu de la paroisse.

Messe hebdomadaire suivie d'un repas. qui était toujours pareil : nouilles, jambon, cuisine immonde au fond de la cour, avec de l'eau froide évidemment ; mais c'était un lieu de vie, c'est là que j'ai appris le tarot, le bridge, le baby foot ; le nombre d'heures de cours que j'ai passé à l'AC !!

Y'avait des tables de bistrot avec des chaises.

On a créé des liens. On est au moins une dizaine encore en liens forts, avec des évolutions de vie aussi diverses que ce qu'on connaît...

On se mettait sur les marches et on criait qui veut horizons, et en face y'avait les communistes qui vendaient leur journal je sais plus comment il s'appelle.

En même temps j'étais à la Corpo.

En même temps y'avait la guerre d'Algérie, on se retrouvait, le noyau de l'AC ; avec d'ailleurs aussi les communistes.

Michel Papie, décédé récemment ; y'a eu témoignage d'un dont je me suis rendue compte qu'on était ensemble à Bordeaux ; a abandonné depuis longtemps le PC, on ne sent aucune barrière entre lui et moi.

Ça créé des liens extrêmement forts ; Antoine Gallic, agrégé de géo, prof pendant 7 ans à Paris, puis est rentré au séminaires de Carmes.

C'est autour de son ordination qu'il a rameuté tous les copains ; on a conclu qu'il fallait un camp familial où on s'est retrouvé pendant 10 ans à Gavarnie avec les enfants.

Y'a ceux qui ont divorcés, ceux qui sont devenus prêtres puis ceux qui se sont mariés avec des qu'on connaissait, des qui sont devenues religieux.

Y'en avait à l'aumônerie, dont je n'étais pas, qui suivaient des groupes d'oraison.

Ça donnait un cadre, donc j'ai réussi mes études.

Quand t'as pas ta famille, sinon, tu deviens pilier de bistrot.

Cette ouverture qu'on a eue avec ces hommes qui tenaient la rampe, vraiment, la majorité sont restés des gens très engagés dans la vie civile.

Dans nos amis, y'en a pas qui soient sortis de l’Église, ou pas trop. Ce qui nous soude encore aujourd'hui, c'est quand même notre foi, même si y'a ceux qui sont très TC, d'autres qui sont de l'autre côté.

On a été au premier conseil pastoral ou paroissial à Pau avec l'Abbé Coste-Doat ; au niveau paroisse ça a été la seule chose ; on a été très engagés au niveau des END (PA et HP) ; on n'était absolument pas inféodé à un mouvement ;

Important : avoir un lieu de vie de base qui nous permette quand même d'avancer ; on ne trouvait pas notre dose dans la communauté paroissiale ; on invitait tous les mouvements (Focolari, CVX, Renouveau Charismatique…) à notre journée de secteur.

Les 3 années de responsables de secteur, on a cultivé les réseaux.

C'est des gens avec lesquels on a continué à s'ouvrir.

Et faut-il forcément être de gauche pour s'ouvrir ? J'espère que non... Peut-être pour pouvoir continuer à se poser des questions.

Ça donne un état d'esprit. On n'est pas tous de gauche, dans notre groupe d'amis.

Dans notre équipe END, où on partage l'essentiel de notre vie, y'en a une qui te dit qu'elle se fait avorter par confort, moi ça me fait hurler.

C'était pareil en 68. Une réunion où Xavier rentrait de Lacq où il venait de prêcher la bonne parole pour lancer la grève, et un autre qui était chef militaire en uniforme : peut-être on peut s'arrêter là et on va prier.. De quel droit je vais dire que j'ai plus raison en interprétant de telle ou telle manière.

C'est une école de tolérance.

A l'aumônerie, y'avait tous les bords ; notre aumônier, c'était un sulpicien, qui animait tous les groupes d'oraison, il nous avait fait faire une retraite sur la prière du cœur, c'était un conservateur cet homme, c'est clair, mais c'est quand j'y repense que je me dis ça ; mais il ne nous empêchait pas de nous ouvrir ; au contraire, il nous prêchait l'obligation d'ouverture, de se poser des questions.

Chez mes frères et sœurs, c'est pareil, y'avait 2 et 2.

En général, les convictions politiques ont la forme de la religion.

J'ai suffisamment reçu, je suis suffisamment étayée pour passer au dessus de la forme.

Les grandes envolées de JJD, les grandes gestes, je supporte pas ; mais s'il fait ça, c'est qu'il croit que c'est ça que les gens aiment.

Il y avait un relais fort des Franciscains. Par contre, on a toujours cherché un lieu de partage, de vie...

Entre le filet de la presse disant que si on était chrétien, on était forcément de gauche. Xavier, ça l'a fait hurler : pas question que je rentre dans un mouvement où on me dise ce que je dois voter.

Nos enfants, ils étaient en école privée catholique jusqu'en 6eme à l'école Ségur chez les Frères des Écoles Chrétiennes ; après, sont partis à Margot ou Clermont : Dominique est un rêveur à Shangaï, on l'a mis à Clermont qui venait d'ouvrir donc petit, Eric est très structuré donc Margot, Filles au collège de St Maur ; si on continue à les mettre dans un cocon ils n'arriveront jamais à se trouver eux-mêmes, donc on les a mis dans le public.

Ne pas les protéger toujours, mais leur apprendre à se situer.

La maison était un lieu de négociation permanent ; en plus, on était pas forcément toujours d'accord lui et moi. Moi j'étais pensionnaire au lycée.

Je suis sûre que Xavier n'a jamais séché un cours ; moi j'étais beaucoup plus laxiste : si je discutais au bistrot et qu'il y avait un cours de français, tant pis.

A St Maur, on s'est engagé tous les deux à faire de la catéchèse.

Maison lieu de négociation permanent ; voisins porteurs de différences fortes, on n'a jamais empêché nos enfants de les rencontrer. Mon frère a eu de multiples copines, qu'il n'a jamais amenées chez ma mère, mais qui venaient chez nous. Je préférais qu'ils voient ça et que du coup on en parle.

Quand Isabelle nous a fait chevrer au lycée (le plus vieux couple du lycée!!), fièvre de cheval

J'étais plus ouverte, tolérante par rapport à Xavier

Par rapport à la foi : on allait systématiquement à la messe, on était très engagés, on était très bouffés quand les enfants étaient petits ; préparation de temps de prière en famille par les enfants ; la messe du dimanche, on les obligeait pas ; quand ils étaient ados, on faisait attention à où on les amenait, on leut proposait des messes où ils pouvaient trouver leur compte : des copains, et des prêtres qu'ils aimaient. Ceci dit, on gagnait pas à tous les coups...

Dominique et Véronique ont été embarqués dans équipe de pastorale jeunes lancée par JJD.

Louis Crouzat a béni le mariage d'Eric et Véronique.

Les deux filles ont continué dans du catho.

Isabelle dans du classique, a connu Benoît en CVX, était avec Xavier Jahan pas encore jésuite à l'époque.

Dominique a choisi la solution de facilité, ne s'est trop creusé la tête, a continué à l'aumônerie des étudiants ; tout ce qui est institution église, ça le fait chier : s'est arrêté au premier degré : argent, institution, …

Sa première femme était d'une famille tout à fait identique à la nôtre ; n'ont pas fait baptiser leur fille, j'ai jamais compris pourquoi.

Eric, qui se définit pratiquant non croyant : ça veut dire pour lui : il estime que Jésus Christ est l'homme le plus fabuleux, qui a le plus fait avancer l'humanité (femme, droits…) mais n'arrive pas à passer le Va ; tire beaucoup de fondements de sa culture religieuse, mais n'arrive pas, ou n'a pas envie de passer le cap de la résurrection, Jésus Dieu.

Il a besoin de rites, il ne rate jamais une messe d'aumônerie ; il prend la partie historique, et l'important le spirituel. C'est pas des faux semblants, c'est la joie de partager ce moment ensemble ;

Dominique nous a souvent demandé de parler à ses enfants de Jésus ; son fils a demandé le baptême en 1ère.

15 petits enfants, dont un seul n'est pas baptisé ; c'est un don, on n'y est pour rien.

Y'en a certains à qui ça fait ni chaud ni froid.

Chez les Mauduit, y'a pas le choix !!

Chez Véronique, un peu de tout.

Ouverture, tolérance, se poser des questions, écouter les questions des enfants

Je suis pas d'accord pour se lamenter sur le fait qu'ils n'aient plus de pratique.

On n'est pas responsable de tout, ont le droit de choisir un autre chemin ; le vieil abbé de la Fourcade nous disait toujours : vous inquiétez pas vous avez semé, c'est l'essentiel

Si de temps en temps on nous redisait le sens des gestes liturgiques, ça nous ferait avancer.

Se lèvent pour l'Évangile, puis plongent au moment de la consécration.

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