Aumônerie Universitaire Paloise

Aumônerie catholique des étudiants de Pau

Introduction par Claude, concernant les élections au Sénégal

Pays qui a commencé à voter avant même l'indépendance. Nous avons des ethnies, mais on ne vote pas en fonction de cela. Par exemple, le premier président qui a été élu était catholique alors qu'il n'y a que 7% de catholiques dans le pays. Les gens ne regardent pas en fonction de l'ethnie, mais en fonction de celui en lequel ils mettent leur espoir parce que le considérant comme le plus pertinent. Par ailleurs, on nous laisse assez tranquille parce qu'on est un pays pas très riche, sans grande ressources naturelles spécifiques qui accentuent dans d'autres pays les tensions avec d'autres. On n'a jamais eu de coup d'état. A un moment donné, on disait qu'il y avait 1000 partis... Vu que c'est un système où on promeut l'ouverture, n'importe qui a tendance à créer son parti ; mais pas de système de gauche-droite, etc. Il faut 1000 signataires parmi les électeurs pour que quelqu'un puisse se présenter. Il y a eu quelques manifestations quand le précédent président a tenté de changer la constitution pour pouvoir se présenter une nouvelle fois, mais il a fini par accepter et ça s'est conclu sans souci. Les jeunes, ce sont ceux qui votent le plus et qui ont forcé le renouvellement de président, entres autres via Facebook ; les ruraux votent moins. 15 millions d'habitants, 6 millions de votants Les politiciens, ils sont comme en France : ils promettent des choses et ils ne les tiennent pas. Mais moi quand je serai élu président, je tiendrai mes paroles.

Suite de la soirée avec Pierre

Que dit l'Église ?... Parce qu'ici, on est dans une aumônerie catholique, et on est censés être chrétiens.

Pourquoi on va voter ? Si on va pas voter, c'est parce qu'on se dit soit : mon vote, c'est pas ça qui va faire pencher la balance, je préfère encore aller me faire dorer la pilule au soleil ; ou sinon : de toutes façons, les politiques, ce sont tous des pourris, ils promettent et ne font pas, etc... Si on va voter, c'est parce que : la démocratie, ça a mis 150 ans pour se mettre en place, et ce serait dommage de s'asseoir dessus. Depuis la fin de la 2è guerre mondiale, y'a pas eu de coup d'état. Alors qu'avant, y'avait un coup d'état tous les 40 ans.

L’Église nous dit que, pour elle, il faut aller voter ; elle ne dit pas pour qui il faut voter, mais donne des repères. Je vous le dis parce que j'ai lu la lettre des évêques de France qu'ils ont écrite en vue des élections. Ils reprennent point par point les différents éléments qui constituent notre société et indiquent ce vers quoi il faudrait tendre le plus en fonction des convictions de l'Eglise. Déjà, elle exclue les extrêmes, qui n'ont que des solutions simplistes. L’Église nous dit que les choix politiques, c'est à chacun de les poser, en fonction de celui dont il sent qu'il est le plus dans les préconisations de l'Église. Le chrétien ne prend pas le chemin de facilité : dire je vais pas voter, c'est une solution de facilité. Là moi présentement, je fais de la politique, on fait tous de la politique. Poser un choix politique, c'est pas seulement voter le jour des présidentielles, mais aussi, au quotidien, s'engager, dans le domaine associatif par exemple. Quelqu'un qui va donner des repas tous les soirs pour ceux qui en ont besoin, il fait de la politique. 128 000 français qui font partie des associations et qui permettent de faire avancer les choses ; si les volontaires disent je dois être payé, y'a plus rien qui tourne demain... Si on n'est pas d'accord, on crée une majorité, et hop on renverse tout. C'est vrai qu'il faut du coup poser un choix, ce qui n'est pas simple. Mais c'est là qu'est la vie.Les choix, si on les prévoit : y'a pas meilleure interprétation que ce qui a été préparé. Donc moi je pense qu'il faut aller voter. Aujourd'hui je représente l'Eglise en tant que président de l'aumônerie, et donc je dis qu'il faut aller voter.

Nous on est jeunes et c'est souvent la première fois qu'on vote. Souvent on vote en fonction de nos parents, soit par suivisme soit par opposition. Beaucoup s'en fichent complètement, ne sont au courant de rien : on ne fait même plus grève, c'est dire !! On se fiche tellement de ce qui va se passer dans les 5 ans à venir qu'on ne bouge pas du tout ; même la fac de Lettres ne fait rien du tout !! Je trouve dramatique cette dépolitisation... Parce que bon, quand même, tout ce dont on a droit, ça va dépendre de la politique à venir. Donc, c'est quand même bien de se pencher dessus...

Enchaînement par Mireille

On a fait un choix, politique, ici ce soir :

  1. de faire une soirée sur la politique alors qu'on sait bien que ce n'est a priori pas un sujet qui passionne les jeunes,
  2. de ne pas faire de débat sur tous les contenus de tous les partis politiques en présence à l'heure actuelle en France parce qu'on s'est dit qu'on n'arriverait pas à s'écouter là-dessus, que ça allait tourner trop vite au pugilat.

A l'aumônerie, dans le quotidien, on pose aussi des choix : depuis le début de l'année par exemple s'est posée la question de payer ou non quelqu'un qui fait le repas, de payer ou non quelqu'un pour le ménage. Les choix, rien que sur ces deux choses, ont été différents, parce que les éléments sous-jacents sont différents.

On pose un choix, en votant ; mais ce n'est qu'un moment ponctuel ; l'essentiel ensuite, c'est de continuer à s'impliquer, en s'engageant, d'une manière ou d'une autre, dans la société, dans un syndicat, dans une association, dans l'Eglise, quelque soit le bord politique où vous choisissez de vous engager. C'est là, ensuite, dans votre quotidien proche, que vous avez à faire bouger les lignes, à faire valoir vos convictions.

Concernant les échanges politiques actuels, il y a un élément qui me paraît beaucoup trop silencieux. On parle beaucoup, dans le monde catho, des questions éthiques, des questions de mœurs. OK, c'est important. Mais il y a un domaine qui me paraît complètement occulté, qui est celui de l'économie et de la finance. Ou plutôt, on dit : au niveau économique et financier, de toutes façons, on ne peut rien faire, on est pris dans les mailles des marchés financiers internationaux, des directives de Bruxelles, etc. Mais c'est faux : il y a des marges de manœuvres, et un chrétien ne peut absolument pas resté coincé dans du fatalisme. C'est pour ça que je vous propose la vidéo suivante : intervention de Gaël Giraud, un ami jésuite, lors d'une des conférences de carême, à Notre Dame à Paris.

Prière

Seigneur, donne-moi

Norbert Segard, ancien député et ministre mort en 1981 d’un cancer

Seigneur, donne-moi de voir les choses à faire Sans oublier les personnes à aimer.
Et de voir les personnes à aimer
Sans oublier les choses à faire.

Donne moi de voir les vrais besoins des autres.
C’est si difficile
De ne pas vouloir à la place des autres,
De ne pas répondre à la place des autres,
De ne pas décider à la place des autres.
C’est si difficile, Seigneur, de ne pas prendre ses désirs pour les désirs des autres, et de comprendre les
désirs des autres quand ils sont si différents des nôtres !

Seigneur, donne moi de voir
Ce que Tu attends de moi parmi les autres.
Enracine au plus profond de moi cette certitude :
On ne fait pas le bonheur des autres sans eux…

Seigneur, apprends moi à faire les choses en aimant les personnes.
Apprends moi à aimer les personnes
pour ne trouver ma joie qu’en faisant quelque chose pour elles,
et pour qu’un jour elles sachent que Toi seul, Seigneur es l’Amour.

Béatitudes pour un temps de chômage

Mgr Torija, évêque espagnol

Bienheureux ceux qui s'appauvrissent
pour investir et créer des emplois,
car ils accumulent des richesses dans le Royaume éternel.

Bienheureux ceux qui renoncent à cumuler des emplois
qui ne leur sont pas nécessaires pour vivre dignement,
car ils ont une place assurée dans le Royaume.

Bienheureux les fonctionnaires publics qui travaillent
comme s'ils s'occupaient de leurs propres affaires,
qui facilitent les démarches et
étudient sérieusement les problèmes,
leur travail sera condidéré comme sacré.

Bienheureux les ouvriers et les employés
qui préfèrent la création de postes de travail pour tous,
plutôt que d'accumuler des heures supplémentaires
et des primes pour eux-mêmes,
parce qu'ils savent où est leur vrai trésor.

Bienheureux les hommes politiques et syndicaux
qui s'attachent à trouver des solutions réalistes au chômage
par-dessus les stratégies et les intérêts partisans
parce qu'ils accélèrent la venue du Royaume.

Bienheureux serons-nous tous,
quand nous cesserons de dire :
« Si je ne tire pas profit de la situation, un autre le fera... »
quand nous cesserons de penser :
« Quel mal y a-t-il à frauder ? Tout le monde le fait... »
quand nous renoncerons à penser :
« Si la loi n'est pas violée, tout est permis... »
parce qu'alors la vie en société
sera une anticipation du bonheur du Royaume.

Vidéos et articles complémentaires

Élections : un vote pour quelle société

La lettre des évêques de France « Élections : un vote pour quelle société ?» : consulter | télécharger

Aperçu synthétique des différents programmes politiques 2012 :

Pour aller plus loin et comprendre les clés économiques :

Regarder en priorité :

  • 0 - 7'07'' : La dette publique implique-t-elle qu'il faut aller vers de l'austérité ?
  • 12'40'' - 16'42'' : relecture de la construction de l'Europe comme l'Exode
  • 18'47'' - 20'18'' : cf. parabole des talents

Suite : d'où viennent les traders ?
Hommes jeunes qui très vite sont déstructurés ; quand vous avez 30 ans et que vous gagnez 100 000 € par mois la contrainte budgétaire n'existe plus, donc la réalité sociale en face n'existe plus.

« Nos raisonnements économiques sont aberrants : sommes-nous victimes d’un délire d’inversion ? »

Pourquoi les politiques d’austérité en œuvre en Europe semblent quand même en partie acceptées par l’opinion ? Deux arguments liés l’un à l’autre font mouche en général :

  • un Etat ne peut pas durablement dépenser plus qu’il ne gagne ; nous ne pouvons pas  « vivre au-dessus de nos moyens »
  • il va bien falloir payer maintenant pour les excès passés et « purger nos montagnes de dettes »

Alain Grandjean, 13 mars 2012,
Lire en intégralité l'article « Nos raisonnements économiques sont aberrants : sommes-nous victimes d’un délire d’inversion ? »

Voter à droite ou à gauche ?

« Les chrétiens et la présidentielle : débat autour des questions clés » :

Regarder par exemple : 2'44'' - 6'32'' : « Pour caricaturer, les chrétiens qui votent à droite ne seront pas bouculés sur les questions de mœurs mais ne seront pas satisfaits sur l'exigence de justice sociale ; ceux qui votent à gauche verront contenté leur désir de justice sociale mais devront composer avec les évolutions sociétales. Les chrétiens doivent donc picorer ici ou là des morceaux de programmes et se débrouiller avec leur conscience. Ils doivent accepter un projet global dont l'essentiel leur convient et faire des compromis sur certains points, ce qui peut s'avérer délicat. »

Vidéo entretien d'embauche du prochain candidat

« Wunderman - L'entretien d'embauche (version longue) »

PDF Télécharger la version originale du compte-rendu de la soirée du 4 avril 2012 sur la politique

Mentions légalesDonnées personnelles

© 2010-2023 Aumônerie Universitaire Paloise (AUP). Sauf mentions contraires tous les droits sont réservés.